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  • Cérémonie de signature de l’accord de paix
    Il va s'agir de faire respecter cet Accord de Paix. Il va falloir réguler nos comportements. Il va falloir à nous tous, Rwandaises, Rwandais, où que nous soyons à travers le monde, nous dépouiller des sentiments de revanche et d'antagonismes. Il va nous falloir panser nos plaies, surtout les plaies du cœur pour nous tourner vers l'avenir, confiants en la prospérité de notre Pays.

Homme de paix

Le Président Juvénal Habyarimana était un homme de paix. 

Je l’ai vu en personne, pour la première fois, à la Place du 24 novembre, à Bukavu, lors d’un sommet tripartite des Chefs d’État de la Communauté Économique des Pays des Grands Lacs (CEPGL). Il était avec le président du Burundi, le colonel Bagaza et le maréchal Mobutu. Lorsque ce dernier présenta le président Habyarimana et lui demanda de saluer les citoyennes et les citoyens, une immense clameur de joie s’éleva de la foule. Le président Habyarimana leva sa main et salua la foule en kiswahili et en français : « 

Jambo watu wa Bukavu. Habari gani? Nawatakia Amani na Maendeleo; Je vous souhaite la Paix et le Développement ». 

Pour nous, habitants de Bukavu, le président Habyarimana était un des nôtres : il avait fait ses études secondaires chez nous à Bukavu, au collège Saint-Paul, et ses études universitaires à l’Unikin (ex-Lovanium) à Kinshasa. Nous avions d’ailleurs l’habitude de dire qu’il était Zaïrois, non seulement parce qu’il avait notre accent zaïrois lorsqu’il parlait français, mais aussi à cause de sa coiffure unique, comme celle d’Emeneya  Mubiala Kwamambu (King Kester Emeneya), une star de la musique zaïroise.  

 Feu mon oncle, qui était son condisciple de classe au collège Saint-Paul, nous expliquait que le président Habyarimana avait une amitié intime et même fusionnelle avec le Zaïre parce que lors de la bataille de Kamanyola et de l’occupation de la ville de Bukavu par les mercenaires de Jean Schramme, le capitaine Habyarimana et le colonel Mobutu avaient travaillé de concert pour ramener la paix à l’Est. En l’occurrence, c’est le capitaine Habyarimana qui avait désarmé les mercenaires de Jean Schramme aussitôt qu’ils traversèrent la frontière à Cyangugu. 

Habyarimana aimait beaucoup le Zaïre, pays qui l’avait formé intellectuellement dans sa jeunesse et forgé son paradigme du pouvoir postcolonial basé sur la politique du bon voisinage. Aussi longtemps que le président Habyarimana était au pouvoir, le Zaïre du maréchal Mobutu était en paix et nous avions raison de chanter cette antienne de paix tirée de la chanson de Lwambo : « Mobutu azongisa la paix na Zaïre. Mobutu flambeau ya la paix. Tambola ba regions nyoso omona. Mitema ya bato etonda bisengo na la paix. Zaïrois aboya mobulu na kobomana. Kimya ekota na mboka. Mobulu elongwa. » 

Cette paix tant chantée, nous l’avons perdue, nous les Zaïrois, le 6 avril 1994, lorsque l’avion du président Habyarimana fut abattu. En effet, depuis cette date, personne, ni au Congo, ni au Rwanda, n’a pu conjurer les démons des rebellions de l’Est comme l’avaient fait, en leur temps, le capitaine Habyarimana et le colonel Mobutu, plus d’un demi-siècle auparavant.

Anonyme congolais (3Z010)

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