Présenté avec différents qualificatifs et attributs dans les médias et dans les propos tenus par des gens qui parfois ne l’ont ni connu, ni vu, ni même entendu parler, il est grand temps que le monde sache qui était cet homme.
Juvénal Habyarimana, l’individu
Né et ayant grandi dans une famille paysanne et chrétienne, Habyarimana a été marqué par les valeurs véhiculées par cette famille et son environnement, et il les a mises en pratique tout au long de sa vie, tant privée que publique.
L’éducation reçue au niveau de la famille et à l’école primaire a été perfectionnée par de riches études suivies au secondaire où il a obtenu le diplôme des Humanités gréco-latines. Il avait initialement choisi de devenir médecin mais ses aspirations furent brutalement anéanties après une année à la faculté, suite aux soubresauts liés à l’indépendance du Congo.
Ce parcours familial et scolaire ainsi que son expérience personnelle de la vie lui ont conféré un savoir, des aptitudes et des attitudes, ainsi qu’un bagage considérable de valeurs morales qui le caractériseront dans son travail et ses relations humaines pendant toute son existence : honnêteté, humilité, respect de tout homme quel que soit son rang social, respect de la parole donnée, courtoisie, sincérité, fidélité en amitié, sens du partage, générosité, une intelligence hors norme, une mémoire sans faille, une culture générale élevée touchant à plusieurs domaines et une simplicité n’aimant pas les formalités protocolaires.
Sa ponctualité était connue de tous, respectant scrupuleusement l’heure d’un rendez-vous, que ce soit avec un homologue Chef d’État ou avec un paysan ou la population.
Doté d’un sens naturel de l’humour, il répandait la joie autour de lui. Il aimait tant rire que faire rire.
Juvénal Habyarimana, l’époux, le père et le chef de famille
Habyarimana était un époux et un père responsable, toujours soucieux du bien-être de sa famille et de la bonne éducation de ses enfants, trouvant toujours du temps à passer avec sa famille, à la maison ou en promenades et excursions, et ce, malgré ses autres nombreuses obligations.
Il était chef de sa famille nucléaire, mais aussi chef de sa grande famille. En effet, après la mort de son père en 1973, il le remplaça et prit le flambeau comme rassembleur et unificateur. Il aimait beaucoup se retrouver avec ses frères, sœurs, oncles, tantes, cousins et cousines, neveux et nièces, etc., jeunes ou vieux, pour fêter un événement ou pour chercher avec tout le monde une solution à un problème qui se posait. Il a aidé beaucoup de membres de la famille élargie à s’installer et à s’épanouir dans la vie.
Juvénal Habyarimana, le militaire
Formé à l’École d’officiers à Kigali, puis terminant un stage de parachutiste en Belgique, Habyarimana a toujours occupé les premières places tant à l’école que dans l’avancement en grades. Il a occupé beaucoup de postes de responsabilités au sein des Forces Armées Rwandaises, en tant que commandant de la région militaire de Cyangugu, puis chef d’Etat-Major et ministre de la Défense.
Dans toutes ces fonctions, il est resté humain, simple, attentif, proche des hommes de troupe qu’il visitait régulièrement dans leurs unités pour se rendre personnellement compte des problèmes vécus. Toujours écoutant calmement toute personne qui voulait lui parler, qu’il soit officier, sous-officier ou simple soldat, et ce, individuellement ou au cours de réunions.
Exigeant dans la gestion des hommes et des moyens matériels et financiers, il déléguait volontiers la plupart de ses pouvoirs à ses subordonnés qui jouissaient d’une liberté d’action et d’une autonomie de décision, sauf certains points importants qui nécessitaient son aval.
Juvénal Habyarimana, le Chef d’Etat
Devenu Président de la République Rwandaise le 5 juillet 1973, Habyarimana a pris ses responsabilités pour ramener la paix et l’unité menacées par la situation qui prévalait au Rwanda à cette époque.
Depuis cette date jusqu’à son assassinat le 6 avril 1994, il s’est réellement battu pour préserver cette paix et cette unité, pour l’entente entre les différentes ethnies du Rwanda, tout particulièrement entre Hutu et Tutsi. On l’oublie souvent, mais même l’épineux problème du retour des réfugiés rwandais était sur le point de trouver une solution définitive lorsque a éclaté la guerre d’agression du FPR en octobre 1990.
Cette paix, il la voulait aussi pour toute la région des Grands Lacs. C’est ainsi qu’il a toujours cultivé et entretenu l’entente et le bon voisinage avec tous les pays limitrophes du Rwanda.
Travailleur infatigable et aimant son peuple, il s’est consacré corps et âme au développement de son pays le Rwanda, et ce, dans tous les domaines de la vie d’un pays.
Rigoureux dans la gestion de la chose publique, il a hissé le Rwanda dans la catégorie des pays africains les mieux gérés, et ce, malgré des ressources très limitées dont le pays disposait. C’est ce qui explique l’excellente note dont le Rwanda a toujours joui auprès des bailleurs de fonds (FMI, Banque Mondiale, Banque Africaine de Développement, mais aussi les coopérations bilatérales) au cours des décennies 70 et 80.
Homme de dialogue, il a toujours privilégié et recommandé vivement la concertation à tous les échelons politiques et administratifs avec toutes les couches de la population, du plus grand au plus petit.
C’est ainsi qu’il a pu réussir le virage d’une vision d’une démocratie consensuelle poursuivie dans le cadre des partis uniques de l’époque vers une démocratie de multipartisme intégral. Tel est, sans aucun doute, le sens de l’aggiornamento politique annoncé en 1988 qui a abouti au multipartisme consacré par la nouvelle constitution du 10 juin 1991.
Très proche de son peuple, il aimait descendre lui-même sur le terrain, souvent au mépris du protocole et des contingences de sécurité, et au volant de sa voiture, pour toucher de son propre doigt la réalité vécue. Il connaissait pratiquement tous les coins et recoins du pays et y rencontrait les personnes de toute catégorie, jeunes ou vieux, riches ou pauvres, avec qui il avait des échanges amicaux et fructueux, en toute simplicité.
Soucieux du développement de tout le pays, il avait pris l’habitude de dédier chacune des années de ses mandats à tel ou tel secteur du développement dans un but didactique évident, afin que chaque Rwandais en comprenne l’importance et qu’il fasse sienne la poursuite des activités de ce domaine. Dans toutes ces initiatives, une vision centrale se dégageait : celle du développement du monde rural. C’est d’ailleurs pour soutenir cette vision qu’il a lancé et soutenu sans failles les travaux communautaires Umuganda auxquels les communautés locales étaient invitées à investir une demi-journée de leur temps de repos pour des réalisations communes les concernant, telle l’aménagement des pistes intra-communales et le reboisement.
Les réalisations de la deuxième République parlent d’elles-mêmes : multiplication de centres de santé au niveau communal ; création des écoles secondaires dans tout le pays et, dès le milieu des années 80, autorisation des écoles privées pour compléter le réseau gouvernemental ; projets de développement rural intégré dans différentes régions du pays ; un maillage de projets théicoles dotés d’usines modernes ; amélioration de l’habitat rural ; adductions d’eau ; électrification et téléphonie rurale ; modernisation du réseau routier national bitumineux ; construction des routes intercommunales ; renforcement du réseau des banques populaires, reboisement des terres inaptes à l’agriculture etc.
Quel héritage garder de l’homme et du Président Juvénal Habyarimana?
Dans la vie de chaque jour, il y a des valeurs qui aident l’individu à se comporter dans la société d’une manière digne et agréable, et à être utile à l’autre.
Puisse Habyarimana être source d’inspiration d’honnêteté, de respect de tout homme et de la parole donnée, de fidélité en amitié, de dévouement, de générosité et de simplicité.
Dans un pays, chaque citoyen a son rôle à jouer, quel que soit le rang qu’il occupe. Il doit participer activement à tout ce qui garantit la paix, l’unité et l’entente entre les différentes composantes de la société, ce qui suppose qu’il doit beaucoup aimer son pays et ses concitoyens, sans distinction aucune.
Puisse le Président Habyarimana être source d’inspiration pour que tout Rwandais fasse sien ces impératifs et s’engage à œuvrer à leur réalisation pour permettre un développement du Rwanda harmonieux et bénéfique pour tous.
Suivez la ligne de temps chronologique de la vie du président Habyarimana.
De sa naissance à Rambura, jusqu’à ses études à l’Ecole Supérieure Militaire (ESM).
De son accession au pouvoir, jusqu’au 6 avril 1994.