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  • Cinquième Sommet CEPGL
    Nous devons nous consacrer, toujours davantage, à la lutte pour l'indépendance économique du continent Africain, en procédant, étape par étape, par la mise en place des ensembles économiques régionaux qui, d'ici l’an 2000, aboutiront à la création d'un Marché Commun Africain, prélude à la Communauté Économique de l’Afrique.

Cérémonie de signature de l’accord de paix

Excellence Monsieur le Président de la République Unie de Tanzanie et Cher Frère,

Excellence Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement, 

Excellences, Mesdames, Messieurs,

La cérémonie qui nous rassemble ici à Arusha, en terre tanzanienne, revêt, pour le Peuple rwandais tout entier, une signification exceptionnelle. Nous sommes en effet réunis ici pour procéder à la signature de l’Accord de Paix avec le Front Patriotique Rwandais.

Un Accord de Paix devant mettre un terme à la guerre qui, depuis le premier octobre 1990, voilà déjà 2 ans et 10 mois qu’elle dure, a apporté au Rwanda le deuil, la misère, la désolation et la faim.

Un accord de Paix devant permettre à plus d’un million de citoyens rwandais de retourner dans leurs biens, en toute sécurité et de se refaire une vie, la plus digne possible, aidés en cela par la solidarité nationale et internationale.

Un Accord de Paix réglant une fois pour toutes, le problème de centaines de milliers de citoyens rwandais qui ont dû, par le passé, fuir leur pays et trouver leur sécurité en dehors de ses frontières et qui désormais recouvrent de fait, le cadre leur permettant d’exercer leurs droits de cité, chez eux, n’importe où au Rwanda.

Un Accord de Paix qui permet au Rwanda de bâtir désormais son avenir, en comptant d’abord sur les forces de toutes ses filles, de tous ses fils où qu’ils soient, dans la symbiose qui doit plus qu’avant marquer leurs rapports, cimentés qu’ils seront, par l’élan de la générosité et de confiance mutuelle.

Un Accord de Paix, fruit du consensus entre le Gouvernement Rwandais et le Front Patriotique Rwandais, à l’issue de tractations forcément âpres et passionnées, vu les enjeux en présence, mais dont le leitmotiv était toujours le même, à savoir, au-delà des différences d’approches, au-delà des états d’âme au demeurant compréhensibles et pardonnables, mettre au point des mécanismes convenus, propres à consolider la démocratie au Rwanda, et par voie de conséquence, à faire aboutir notre volonté commune de promouvoir, coûte que coûte, les conditions d’une réconciliation nationale, à travers une paix durable.

Un Accord de Paix enfin, obtenu avec le concours de la communauté internationale. C’est le cas de vous présenter, Excellences, Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement, et à travers vous, aux Peuples que vous représentez ici, la gratitude du Peuple rwandais tout entier, de l’intérieur et de l’extérieur des frontières physiques de notre Rwanda, au nom duquel j’ai l’insigne honneur de m’adresser à vous, en cette circonstance inoubliable dans l’histoire de notre Pays. Les mêmes sentiments de reconnaissance s’adressent à toutes les organisations internationales et tout particulièrement à l’Organisation de l’Unité Africaine et à l’Organisation des Nations Unies, pour leur contribution au succès des négociations de paix qui se clôturent aujourd’hui. Vous n’avez ménagé aucun effort pour aider tout le Peuple rwandais en détresse, à cause de cette sale guerre. Nous vous en sommes infiniment reconnaissants.

De façon toute spéciale, il me fait un plaisir de rendre un hommage appuyé, à la République Unie de Tanzanie, à son Gouvernement et à son Peuple, à Son Excellence Monsieur Ali Hassan MWINYI, Président de la République, pour les sacrifices immenses que la République Unie de Tanzanie s’est imposés pour que le Rwanda, un voisin et un frère, retrouve cette paix si chère qui lui a tant manqué, depuis le 1er octobre 1990. La fête qui nous rassemble aujourd’hui, Excellence Monsieur le Président, nous vous la devons. Nous, Rwandais, resterons à jamais reconnaissants à votre peuple, de nous avoir offert une généreuse hospitalité, pour discuter de nos problèmes, de nos différences, mais surtout de tant de liens qui nous rapprochent et nous unissent. Nous vous resterons reconnaissants de nous avoir, combien de fois, rappelé nos valeurs, lorsque les sentiments égoïstes et partisans risquaient de nous faire oublier l’essentiel : la paix et l’unité nationale. Nous vous devons de nous avoir tant de fois conseillés, en toute impartialité, en toute fraternité, en votre qualité de Facilitateur.

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Avec respect et reconnaissance, je pense à notre frère le Maréchal MOBUTU SESE SEKO, Président de la République du Zaïre. La médiation qu’il a initiée et entretenue nous a valu d’arriver à la signature de l’Accord de N’SELE sur le Cessez-le-feu, prélude à l’émergence de tant d’initiatives nouvelles qui ont favorisé les négociations, aboutissant à l’Accord de Paix que nous venons de signer. Le Peuple rwandais lui restera reconnaissant pour les encouragements que la République du Zaïre a généreusement offerts au Rwanda, pour que cette guerre prenne fin et pour que des négociations, vraies et sans détours, puissent ramener la paix, au Rwanda et dans notre région.

Nos remerciements vont à tous les Pays qui nous ont accompagnés dans les négociations – les Pays observateurs – la France qui au long de tout ce conflit nous a témoigné une amitié appréciée, les Etats-Unis d’Amérique, la Belgique et la République Fédérale d’Allemagne.

A vous tous, Excellences, nous vous redisons notre profonde gratitude, à vous-mêmes, aux Gouvernements et aux Organisations que vous représentez, pour la longue patience et pour vos conseils judicieux qui ont accompagné nos négociations d’Arusha.

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Les négociations d’Arusha sont ainsi couronnées par la signature de cet Accord de Paix. C’est une étape certes clé et décisive. Mais le plus important reste devant nous – et demande à chacun de nous l’engagement le plus total. Il va s’agir de faire respecter cet Accord de Paix. Il va falloir réguler nos comportements. Il va falloir à nous tous, Rwandaises, Rwandais, où que nous soyons à travers le monde, nous dépouiller des sentiments de revanche et d’antagonismes. Il va nous falloir panser nos plaies, surtout les plaies du cœur pour nous tourner vers l’avenir, confiants en la prospérité de notre Pays. 

Nous venons de signer cet Accord de Paix. Chaque Rwandais doit y retrouver ses aspirations les plus profondes, à savoir la paix, la vraie, la tranquillité qui est son droit légitime et sa sécurité qui ne peut plus être aliénée.

Cet Accord est le résultat du compromis. Chacun peut à juste titre y avoir ou à y perdre. Mais – et c’est l’important – au-delà des intérêts égoïstes et partisans, chaque Rwandaise, chaque Rwandais doit se convaincre d’y avoir gagné, car cet accord doit faire disparaître à tout jamais, les souffrances endurées par le Rwanda, depuis particulièrement le premier octobre 1990. Des cris se sont élevés sur les imperfections dans les différents protocoles de cet Accord, tant sur la forme que sur le fond.

Personne, je le crois, ne saurait le qualifier d’accord parfait. Mais l’important est que tous ceux qu’il propulse au devant de la scène politique au Rwanda comprennent à sa juste valeur, leur mission historique au service du Peuple rwandais, au service de la paix, de la stabilité, au service de la démocratie. Les négociations futures – nos enfants et leurs enfants – et l’histoire seront juge de l’engagement et de l’action de chacun.

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Sous d’autres cieux, l’histoire aura retenu l’apparition d’une classe de tricheurs qui, avides d’accéder au pouvoir par la voie de la ruse, auront contourné de tels accords. Je souhaite fermement que chacun de ceux qui ont contribué au couronnement des négociations d’Arusha puisse jouer en toute honnêteté et transparence, le rôle que lui confère le nouvel équilibre politique que génère au Rwanda cet Accord de Paix.

Pour ma part, je m’y emploierai au mieux des intérêts du Peuple rwandais, et tout particulièrement pour aider les nombreux citoyennes et citoyens rwandais qui, par le fait de la guerre et de la violence, ont dû fuir leurs biens et leur Pays, à retrouver une vie digne et sécurisée, dans tout endroit de leur choix.

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Notre région des Grands Lacs, de l’Afrique du Centre et de l’Est, à été impliquée dans les événements qui ont émaillé l’histoire du Rwanda depuis novembre 1959. Chaque pays de cette région a offert généreusement l’hospitalité aux citoyens rwandais, en quête d’asile et de refuge. C’est le moment d’en remercier en nouveau tous les pays qui ont accueilli les réfugiés rwandais d’une façon spéciale, tous les pays voisins du Rwanda si éminemment représentés à l’occasion de cette cérémonie de signature de l’Accord de Paix. Je voudrais tout particulièrement leur présenter notre reconnaissance, pour la part qu’ils ont fraternellement accepté de prendre, pour la mise en exécution des termes de cet accord.

Leur contribution est en effet essentielle pour la sécurité du Rwanda, pour le règlement définitif du problème des réfugiés rwandais et pour la relance économique du Rwanda, dans un cadre régional. Je me félicite déjà de ce que cet Accord de Paix promet de jeter les bases d’une coopération dynamique entre nos Etats, coopération qui reposera certainement plus que par le passé, sur la confiance mutuelle raffermie et sur la convergence des intérêts, bref sur des relations fraternelles, renforcées encore plus par le vent frais de la paix et de la concorde qui va souffler dans notre région, par le vent frais de la démocratie multipartite qui doit sublimer les différences et mettre en valeur les ressemblances.

Je puis vous assurer que le Rwanda fera tout pour mériter la confiance que vous lui avez témoignée tout au long des négociations d’Arusha. Le Rwanda vous promet de n’épargner aucun effort, pour contribuer à la paix et à la sécurité dans tous nos États. C’est là le sens profond de la cérémonie d’aujourd’hui. 

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Presque 3 ans de guerre, c’est trop. Le Peuple rwandais tout entier en a assez. Son aspiration légitime n’est que la paix, en priorité. La paix dont il mesure à juste titre le prix, après avoir si longtemps été engagé dans la spirale de la violence. La signature de l’Accord d’Arusha est pour nous plus qu’un symbole. Elle est une étape vers la paix. La paix dans les cœurs, dans un élan de réconciliation du Peuple rwandais avec lui-même, sans revanche, sans arrière-pensées, un élan de réconciliation nationale sous-tendue par la générosité et par le pardon. La guerre a apporté la mort et la misère. Elle a dévasté des régions entières. Elle a détruit des réalisations de développement économique et social. Elle a complètement annihilé tant d’ouvrages que la coopération internationale, d’entente avec le Rwanda, avait initiés pour promouvoir l’environnement et le bien-être social de nos populations.

La guerre enfin a fragilisé l’économie du pays et fortement réduit le niveau de vie du citoyen rwandais.

Il va donc falloir reconstruire tout cela. Le Peuple rwandais qui a tant attendu l’issue des assises d’Arusha, répondra à notre appel à la paix, à l’unité et au développement, pour se mobiliser en faveur de la reconstruction du pays.

Excellences, Mesdames, Messieurs,

Je profite donc de cette opportunité pour lancer un appel pressant et solennel à la Communauté Internationale pour qu’elle vienne en aide à notre pays, dans le cadre d’un programme spécial d’aide à la reconstruction du Rwanda. Nous adressons d’ores et déjà notre reconnaissance à tous les bailleurs de fonds qui nous apporteront l’assistance généreuse pour la reconstruction nationale.

Dans le rôle qui est le mien, je viens de signer cet Accord. Et en le signant, ma main représente la main de chaque Rwandaise, celle de chaque Rwandais. Cet Accord de Paix, je le dédie au Peuple rwandais tout entier, à tous les citoyens rwandais tant de la diaspora que ceux qui se réclament de la mouvance intérieure, aux uns et aux autres, je leur dis aujourd’hui que cet Accord est le leur, et que serait mal inspiré celui-là qui s’imaginerait qu’il existe une possibilité de le contourner et d’obvier au message qu’il véhicule, et qui n’est autre que la voie de la sagesse, celle du réalisme, celle de la tolérance et de la bonne foi; la voie qui a pour balises, la concorde, la complémentarité, l’unité nationale, l’harmonie sociale, basée sur la coexistence des 3 ethnies du Rwanda, à savoir les BATWA, les BATUTSI et les BAHUTU. 

Rwandaises, Rwandais,

Puisse cet Accord de Paix d’Arusha contribuer sérieusement à la paix au Rwanda et couronner de succès notre désir commun de forger, pour le Peuple rwandais, un destin unique, débarrassé des tares du passé, mais résolument orienté vers l’avenir, notre avenir, promis, le multipartisme aidant, à d’autres valeurs dont celles de la réconciliation nationale, du débat démocratique et de la tolérance réciproque.

Puisse, Excellences, Mesdames et Messieurs, puisse la signature de cet Accord de Paix, inspirer nos frères et sœurs, à travers le monde, pour qu’ils transcendent leurs différences et leurs tentations à la revanche, pour s’orienter résolument et avec foi, vers ce qui les rassemble.

Je renouvelle pour ma part ma foi que rien d’autre n’est profitable au Peuple rwandais, en dehors de la paix qui constitue son aspiration, en dehors de l’unité nationale qui lui est si chère, en dehors du développement par tous partagé, qui est la finalité de son action. Puissions-nous y contribuer tous et sans ménagement, avec le maximum de notre engagement et surtout de notre générosité.

Cet Accord de Paix est le résultat de compromis concédés, souvent non sans mal, avec une constante conviction, celle d’atténuer au maximum les souffrances atroces dont le Peuple rwandais a été victime. Je voudrais voir dans cet Accord de Paix, un pont, un pont qui permet aux citoyens rwandais de tous bords, de tendre la main à d’autres citoyens rwandais, pour leur offrir, de la sorte, l’opportunité de poursuivre ensemble leur chemin de la vie et du bonheur.

Je voudrais considérer qu’en signant cet accord, nous nous trouvons à la croisée des chemins, sans que l’essentiel de notre pensée soit de savoir qui a effectué le trajet le plus long, l’important étant plutôt de nous orienter ensemble vers l’avenir.

Je souhaite fermement que personne ne trouve dans cet Accord de Paix, l’occasion de triomphalisme ou alors celle de se comporter en vaincu.

Chacune des parties à cet Accord de Paix doit se convaincre que le vrai vainqueur de cette guerre est le Peuple rwandais, à qui sont promis désormais la paix, la sécurité et plus de bonheur.

Nous allons prier, dans tout le Pays, dans tout le Rwanda nous allons prier dans nos Eglises, prier dans nos Temples, dans nos Mosquées, nous allons surtout prier dans nos cœurs, pour que veuille le Ciel combler cet Accord de Paix de sa bénédiction et l’accompagner jusqu’au bout.

Nous allons prier pour que chaque Rwandaise, chaque Rwandais dise  »  Ô Seigneur, fais de moi un instrument de ta Paix « .  

Imana y’i Rwanda Ikomeze Irurinde.

Vive la solidarité internationale 

Vive le peuple rwandais.

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Message à la nation

Vous avez tous le devoir d’œuvrer au
rétablissement de la paix et de l’unité nationale. C’est pour votre intérêt,
c’est pour le bien de vos familles, c’est pour la prospérité de la Nation
toute entière. Aimez vos compatriotes sans distinction d’origine ethnique
ou régionale.

Message du chef de l’Etat rwandais à la nation

Ainsi, Militantes et Militants, notre pays a fait l’objet, et continue à faire l’objet d’attaques et de calomnies, de mensonges systématiques que nous ne pouvons que qualifier de diaboliques. Qui sont ces gens qui, sous prétexte de renverser notre Gouvernement, ont recours à cette campagne de salir notre pays