Le courrier :

Si vous me le permettez, je voudrais vous demander d’abord quel est le rôle dans cet effort de développement du Mouvement Révolutionnaire National pour le Déve­loppement, et ensuite, je crois que c’est un point qui vous tient à cœur — quel est le rôle de l’Umuganda?

Le président :

Le mouvement a été créé le 5 juillet 1975, il n’y a que deux ans et demi.

Il faudrait revenir sur ce que je vous disais à l’instant : Notre volonté de cohésion et d’unité nationale. C’est le fondement même du MRND (Mouve­ment Révolutionnaire National pour le Développement) de cimenter cette uni­té nationale de façon à ce que nous travaillions tous dans le même sens. Lorsqu’on est fils d’un pays qui est compté parmi les cinq pays les plus pauvres du monde, il faut vraiment faire un effort spécial pour que l’on échappe à cet adjectif : le plus pauvre du monde. Et il faudrait que toutes les forces soient mobilisées sans disper­sion, sans gaspillage pour que cet adjectif soit abandonné.

C’est pour cela que nous avons créé le mouve­ment qui a l’ambition de réunir tous les Rwandais pour travailler au développe­ment.

Le premier principe du MRND est d’abord l’unité, l’unité nationale, et l’unité dans l’action.

Le deuxième prin­cipe est de d’abord compter sur nos propres efforts parce qu’il est bien entendu que lorsqu’on assiste quel­qu’un, on ne peut l’assister que quand il fait quelque chose! Il est impossible que nous attendions que tout vienne de l’extérieur. Nous savons, compte tenu de nos problèmes, de nos contin­gences, de nos handicaps en matière de développement, que nos efforts ne suffisent pas et nous comptons beau­coup sur l’aide extérieure. Mais ce qui importe, c’est que nous agissions d’abord nous-mêmes et qu’ensuite, en complément à notre action, intervien­nent les aides extérieures. Et c’est cet­te philosophie-là qui a engendré l’Umuganda. Mais ce n’est pas une innovation, en fait c’est une tradition rwandaise que nous avons essayé d’in­troduire dans notre politique. Lors­qu’un Rwandais veut se marier, lors­qu’un Rwandais veut déménager d’une colline à l’autre, il doit construire une habitation.

Les forces et les moyens d’une seule personne ne suffisent pas. Aussi tout le voisinage, tous les parents, tous les amis apportent quel­que chose. Celui qui a du bois apporte du bois, d’autres apportent du chaume pour couvrir ou faire les murs. Eh bien. ce que le voisin apporte, ce que l’ami apporte, ce que vous apportez vous-même, c’est ça l’Umuganda! Nous avons transposé cela sur le plan politi­que: au plan de la nation, la maison que nous devons construire. c’est notre pays et chaque Rwandais doit apporter son Umuganda, doit apporter ses forces, quelque chose de valable pour construire le pays.

Les résultats de l’Umuganda?

Nous avons commen­cé des travaux de lutte antiérosive. nous avons construit des centres de santé et des maisons administratives. il y a des champs-pilotes dans chaque commune, il y a des routes communa­les qui sont tracées ou qui sont amélio­rées. Déjà ici, autour de Kigali, vous pouvez voir en ce qui concerne les travaux des agents de l’Etat ce qu’ils ont pu réaliser: par exemple, autour de l’aéroport, les caféiers qu’ils ont plan­tés, les tranchées qu’ils ont faites pour les adductions d’eau; tous travaux que nous n’aurions pu faire si nous avions attendu que l’extérieur nous aide. Nous avons essayé de faire quelque chose nous-mêmes et nos amis verront où s’arrêtent nos forces pour pouvoir les compléter.