Le 31/01/2016, le journal gouvernemental « The New Times » a publié un article intitulé : « A visit to the Presidential Palace ». Très tendancieux et véhiculant des contre-vérités, cet article a fait réagir la famille de feu Président Habyarimana. Ci-après la traduction française de cette réaction.
« En lisant cet article, nous, la famille du feu président, épouse, enfants, frère et parents – qui avons bien connu et vécu dans la maison du Président Habyarimana, sommes profondément choqués par plusieurs faits qui y sont relatés et qui ne sont pas vrais du tout. L’histoire que l’on y présente au sujet de cette maison est complètement fausse et malicieusement déformée.
Les diverses transformations et attributions de fonctions qui ont été effectuées par ceux qui se sont accaparés de la maison après l’assassinat du Président Habyarimana ne doivent pas lui être attribuées.
Du vivant du Président Habyarimana :
Il n’y avait ni bureau d’où l’on accédait par l’arrière, ni salle d’attente. Le Président a toujours veillé à séparer les affaires d’État de sa vie familiale. Les rares fois où il recevait des personnes à la maison pour des raisons de service, cela se passait dans le salon familial situé au rez-de-chaussée côté entrée arrière de la maison. C’est là où il y avait la télévision et la table à pattes d’éléphant. Il n’y avait donc pas de « salle de télévision qui faisait également office de sortie secrète pour le Président » tel que le prétend l’article.
Ce que le journal New Times appelle une « maison de protocole de contrôle, où tout homme armé devait laisser ses armes à feu avant d’entrer dans le bureau du président » est un fait qui n’a jamais existé du temps de Habyarimana. La maison aux vieilles tôles illustrée sur la photo n’est qu’un pavillon de jardin (petit bungalow) utilisé par la famille pour la détente.
La salle à manger était plus petite.
Il n’y avait aucun local pour la gymnastique ou le sport.
Il n’y avait ni capteurs de sécurité ni détecteurs de mouvements décrits au niveau de l’escalier, et il n’y avait pas non plus de porte télécommandée.
Il n’y avait pas de maison pour un python soi-disant offert par le Président Mobutu Sese Seko. La prétendue « piscine pour le python » illustrée sur la photo n’était qu’un bassin à poissons construit par des Chinois, dont d’ailleurs la forme était une tentative de reproduction de la carte du Rwanda.
Citant votre affirmation mensongère : « Le côté ironique de l’histoire, c’est qu’à proximité de la chapelle se trouve le bureau d’un sorcier qui rendait ses services à la première famille. Au même étage se trouve aussi le salon de la première dame et une salle d’études dans laquelle on prodiguait un encadrement ou un soutien scolaire privé aux enfants de la première famille. » Il y avait bel et bien une chapelle, mais pas cette dégoûtante histoire de bureau d’un sorcier, ni à côté de la chapelle ni ailleurs. Il n’y avait pas non plus un salon pour la première dame, ni une salle d’études pour la formation ou l’encadrement des enfants. Les deux pièces à proximité de la chapelle n’étaient que des chambres d’enfants.
Il n’y avait pas de « tour de garde » où maintenant les visiteurs « se tiennent pour regarder les débris du Falcon 50 ».
Par un communiqué diffusé en 2003, la famille Habyarimana avait exprimé son opposition à la décision de Kigali de transformer cette maison privée en musée. Nous avions jugé ce geste cynique, malhonnête, ignoble et arrogant, qu’est la spoliation d’un bien familial d’autrui, rien que pour véhiculer un message biaisé en prétendant promouvoir l’unité et la réconciliation. Quel bel exemple de transparence, de noblesse et de dignité! Quel bel exemple pour rendre hommage à un homme qui a loyalement servi son pays!
Il ne faut pas oublier que le Président Habyarimana a servi le Rwanda avec dévouement et sincérité. Même s’il a hérité de la division ethnique, le Président Habyarimana a toute sa vie travaillé pour la réconciliation, la paix et l’unité de tous les Rwandais, toutes ethnies confondues. Il a été lâchement assassiné alors qu’il tentait de protéger ce peuple rwandais dans lequel il s’était complètement investi. Ce n’est pas parce que le FPR a décidé – à tort et malicieusement – de faire du Président Habyarimana son ennemi juré, qu’il doit le présenter comme un ennemi du peuple rwandais. Ce musée est visiblement un moyen de manipulation de l’opinion publique, avec nul autre objectif que de camoufler les méfaits et le rôle du FPR dans la tragédie rwandaise. Hélas, « le gagnant a toujours raison » : il peut faire croire à la masse tout ce qu’il veut. Ainsi, en prétendant promouvoir la réconciliation et l’unité du peuple, le FPR fait la promotion de la culture du mensonge, du mépris, de la provocation, de la division et de l’injustice. Par des mensonges et des accusations purement gratuites, le FPR prêche le non-respect de la mémoire d’un homme qui a servi son pays et son peuple.
Nous, la famille du feu Président Habyarimana, pensons que l’histoire et l’avenir d’un pays ne doivent pas être construits sur de purs mensonges.
Et ceux qui induisent les gens en erreur en falsifiant la vérité doivent savoir que, comme l’a dit le Pape François lors de l’Angélus en 2013 à l’occasion de la prière pour la paix en Syrie : « Sur nos actes, il y a un jugement de Dieu et un jugement de l’histoire auxquels aucun ne peut se soustraire.» Qu’ils sachent qu’ils ont une grande responsabilité devant ces deux réalités suprêmes auxquelles ils devront rendre des comptes.
Que Dieu le Tout-Puissant touche les cœurs et les esprits de ceux qui sont déterminés à faire le mal au nom de l’équité ».
Famille du feu président Habyarimana