L’économie sociale de marché en Afrique Centrale
La politique de Juvénal Habyarimana a été celle de soutenir les domaines de l’économie, des finances et de l’industrie sans les dissocier de la plus grande carence que connaissent tous les pays en développement : la question des infrastructures.
La première réalisation qui restera dans l’histoire économique de l’Afrique Centrale est celle de la mise en place d’un système d’« économie sociale de marché » de type mixte, où l’État est également un opérateur économique intervenant dans un système où il est sur un pied d’égalité avec les opérateurs privés.
Pour chaque usine de peinture, de savon, de cigarettes, ou de boissons sucrées opérant sur le marché, l’État reconnaît la possibilité aux opérateurs économiques privés d’ouvrir une usine pour concurrencer ces géants économiques, malgré leur capacité à imposer leur monopole grâce à des pressions nationales et internationales.
Le système économique en vigueur sous la présidence de Juvénal Habyarimana a favorisé le micro-crédit, une source importante pour la création de micro-entreprises dirigées par des femmes et des jeunes. Déjà victimes d’une division internationale du travail à laquelle nous n’avons pas été conviés à exprimer notre avis, le soutien économique aux productions vivrières a protégé les cultivateurs de café et de thé contre les fluctuations des prix sur les marchés internationaux des matières premières.
Les risques liés à une industrialisation massive auraient provoqué un exode rural massif et des problèmes sociaux auxquels Juvénal Habyarimana était très sensible, et qu’il a eu l’occasion d’observer chez les pays voisins. Parmi ces problèmes figuraient la délinquance juvénile, la prostitution des mineurs et la criminalité diffuse. Le choix de développer des petites et moyennes entreprises/industries a été un facteur de stabilisation économique et a encouragé l’initiative privée que de nombreux Rwandais ont exercée dans leur pays ainsi qu’en exil, partout dans le monde.